Avec la crise du Covid-19, certaines start-up ont certes dû adapter leurs plans, sans pour autant couper court aux recrutements. Financé et soutenu, l’écosystème technologique cherche toujours à gonfler ses rangs pour accompagner sa croissance.

C’est à se demander si une crise est passée par là. L’opération « Reconfinés mais recrutés » menée par France Digitale, une association d’entrepreneurs et d’investisseurs de la tech, affiche plus de 2.200 postes à pourvoir pour 150 entreprises, allant de la start-up « early stage » à la licorne à l’instar de Believe et Mirakl, qui chacune cherche une centaine de futures recrues.

Après un léger vacillement durant le premier confinement, les levées de fonds ont repris de plus belle, avec même trois tours de table au-dessus de la barre symbolique des 200 millions d’euros pour Mirakl, Voodoo et EcoVadis. Les financements pourraient même s’établir à 5,5 milliards d’euros cette année – un record – selon les estimations d’Avolta Partners. Et un exploit au regard de la situation actuelle. « Forcément, il y a des structures qui vont très bien et d’autres non, mais au global la tendance est stable. La French Tech n’a pas été clairement ralentie par le Covid. La dynamique reste là. Ce sont des sociétés qui ont levé de l’argent pour créer de l’emploi », analyse Franck Sebag, associé chez EY.

Des secteurs portés et porteurs

Parmi les secteurs qui sortent les plus gagnants, on trouve sans surprise les offres numériques, la mobilité, ou la santé. « Le Covid a été un catalyseur. Notre activité était amorcée bien avant la crise, mais nous allons désormais pouvoir davantage développer notre offre de soins sur le terrain », explique Elie Dan Mimouni, cofondateur de Medadom, une start-up qui édite une solution de téléconsultation et vient tout juste de lever 40 millions d’euros. Pour accompagner son développement, la société recrute 250 personnes d’ici à fin 2021.

Même constat du côté de Nickel, une fintech française rachetée à 95 % par BNP Paribas en 2017. La société fait face à une forte croissance de ses utilisateurs – établis à 1,8 million – et déploie un vaste plan de recrutement de 400 personnes d’ici à 2024, soit 100 personnes par an. Objectif : soutenir la croissance et accélérer le déploiement à l’international. A la fin de l’année prochaine, Nickel ambitionne d’être présent dans huit pays.

Durant le confinement, les embauches se sont poursuivies, malgré la complexité du recrutement à distance et le risque que peut engendrer le fait d’accueillir une recrue que l’on a jamais rencontrée en présentiel. « Ce n’est pas l’idéal : il y a un certain nombre d’éléments de nature interpersonnelle que l’on ressent moins. Mais l’entretien en visioconférence a aussi ses avantages : on fixe des rendez-vous plus rapidement, ce qui fluidifie le processus. Et puis, à ce jour, nous n’avons rompu aucune période d’essai en raison du confinement », se félicite Pierre-Henri Havrin, le directeur des ressources humaines de Nickel.

Vente, marketing et IT, des compétences toujours plébiscitées

Chez AOS, une scale-up spécialisée dans la digitalisation du BTP, l’un des secteurs qui a repris en premier au déconfinement, les équipes RH ont été étoffées. Deux nouvelles recrues accompagnent Héléna Djen, la DRH, pour soutenir le passage de 15 à 85 collaborateurs cette année. L’an prochain, 70 recrues supplémentaires sont prévues. « La crise nous offre davantage d’opportunités pour recruter. Nous avons une politique d’approche plus directe sur les réseaux sociaux et les plateformes de recrutement. Ensuite, nous avons activé une prime à la cooptation en interne, qui s’avère efficace », détaille la spécialiste des ressources humaines.

Crise ou pas crise, la guerre des talents continue de faire rage au sein de la tech. Des postes, mais pas toujours assez d’élus. L’écosystème recrute tous les types de profils, des jeunes diplômés, des juniors et de plus en plus de seniors. Sans surprise, les fonctions IT restent les plus dures à recruter. Les plus recherchées sont, quant à elles, la vente et le marketing. « Nous sommes passés d’un écosystème de start-up à un écosystème de scale-up, avec le besoin de structurer les fonctions commerciales pour se déployer à l’international », analyse Franck Sebag, d’EY, dont l’étude publiée en septembre avec France Digitale note que 86 % des embauches ont eu lieu en CDI dans la tech en 2019. Un chiffre élevé mais qui reflue de 8 points par rapport à 2018. La crise va-t-elle accentuer cette tendance ? « Jusque-là, la montée en puissance des free-lances était surtout le reflet d’une aspiration à être plus libre, plus qu’une rupture du contrat social, précise l’associé chez EY. La crise risque de doucher ces aspirations, compte tenu de la protection qu’offre le salariat en ces temps incertains. »

Des premiers licenciements

Les levées de fonds record peuvent éclipser les réelles difficultés rencontrées par une majorité d’entreprises du secteur. Les start-up interrogées par EY à la sortie du premier confinement étaient 52 % à avoir utilisé le chômage partiel et 83 % à avoir demandé un prêt garanti par l’Etat. Près de deux tiers des start-up ont eu l’intention de reconsidérer leur plan de recrutement, principalement des reports dans le temps.

Pour éviter les faillites en cascade, l’écosystème a été généreusement soutenu avec 4 milliards d’euros injectés. Mais cela n’a pas empêché certaines sociétés de réduire la voilure. Ainsi Evaneos, une pépite du Next40 dans le tourisme, a dû se séparer d’une cinquantaine de personnes. Même constat du côté de Sigfox (Internet des objets), 400 salariés, qui réduit ses effectifs de 12 % .

Au total en France, 528 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été lancés entre le 1er mars et le 11 octobre, soit deux fois plus que sur la même période l’an dernier.

Favoriser la mobilité interne

Pour répondre à leurs besoins de croissance, les entreprises de la tech sont devenues plus précautionneuses. « Nous nous interdisons de faire du ‘cash burn’ », tacle Jean-François Faure, le dirigeant d’Aucoffre, un groupe spécialisé dans la vente et l’achat de métaux précieux avec 40 employés. Son dernier recrutement, parmi les cinq réalisés cette année ? Une« digital learning manager », une personne dédiée à la formation de ses collègues.

La mobilité interne fait d’ailleurs partie de la nouvelle posture des pépites du Next40 en ces temps de crise. Selon une étude de Payfit, publiée cet été, elles sont ainsi 42 % à privilégier le recrutement interne, contre 26 % habituellement. « Nous-mêmes, nous avons eu un boom de ce côté-là. C’est aussi un moyen de retenir nos talents, tout en étant plus prudents dans des périodes où il y a un ralentissement économique », indique Firmin Zocchetto, le CEO de Payfit, qui cherche tout de même à atteindre 1.000 salariés fin 2021.

Le développement accru du télétravail avec la crise ouvre aussi de nouvelles perspectives au niveau de la gestion des ressources humaines et des recrutements. Payfit a mis en place la politique du « work from anywhere » : les salariés choisissent eux-mêmes où ils souhaitent travailler. « Cela nous permet aussi de recruter des talents un peu partout. Avant, on ne prenait pas des personnes à Marseille, Bordeaux ou en Bretagne si elles ne pouvaient pas venir régulièrement à nos bureaux parisiens », poursuit l’entrepreneur.

Recruter, oui mais en télétravail ?

Son de cloche équivalent du côté d’AOS, où près de la moitié des salariés recrutés cette année l’ont été en dehors de Paris. « Nos postes sont ouverts à toutes les personnes situées en France. Nous privilégions les profils de qualité au-delà de la localisation géographique », indique la DRH. D’autres vont même plus loin et ce, depuis longtemps, à l’image de Platform.sh, une société spécialisée dans le cloud qui fonctionne en 100 % télétravail depuis plusieurs années. Résultat : des salariés recrutés dans une trentaine de pays. Et des coûts abaissés (moins d’espaces de bureaux, salaires potentiellement différenciés en fonction de la localisation).

Même si le télétravail était présent dans de nombreuses sociétés technologiques, la crise a rendu incontournable son exercice. Reste une crainte palpable auprès de nombreux entrepreneurs : comment garder le lien ? Toujours selon l’étude de Payfit, 78 % des DRH du Next40 considèrent qu’en ces temps de crise et de télétravail, recréer du lien en entreprise devient une nécessité et 75 % d’entre eux ont prévu de déployer des dispositifs allant dans ce sens. « Grâce au premier confinement, les sociétés sont maintenant habituées à recruter et accueillir à distance. Le vrai sujet désormais est de maintenir l’engagement des équipes avec les vagues sanitaires successives », abonde Antoine Chauffrut, directeur des talents à France Digitale.

Par Camille WONG – sur le site https://start.lesechos.fr/

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